Mon p’tit cœur est plein de nostalgie.
C’est vrai. Avec la fin des vacances et la rentrée déjà entamée (angoisse), que retenir de cette semaine de folie ? Dans quelle mesure ne pas perdre la joie, l’allégresse, le feu et le désir de toujours mieux servir Dieu et mon prochain ? Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que ça me glisse entre les doigts ? Je ne peux donc rien contre le temps qui balaye si facilement la flamme de mon ardeur missionnaire ? Je croyais avoir un énorme fire des familles.

Ben nan. Toujours une petite foi de fragile. Seigneur, à quoi bon ? Une fois de retour dans mon monde, ma foi reprend sa douce et petite place confortable près du radiateur. Tranquille. Sans se blesser. Et finit par roupiller gentiment. Les activités pro, perso et cathos (Even ou la chorale par exemple) reprennent. Mais pas ce truc de dingue que j’avais aux tripes. Même si j’ai vécu des choses incroyables en mission, pourquoi est-ce que je retrouve si vite la même flemme de prier. « Alors qu’avec les copains et la guitare on rigolait bien. La louange avait une sacrée gueule. Au début j’aimais pas trop, mais à la fin j’aimais bien et puis maintenant ça me manque carrément. » Chelou hein. Qui-que-quoi-donc-où-comment éviter cette récession latente ? Et qui-que-quoi-donc-où-comment se ressaisir et repartir sur une belle croissance en septembre ?

Halte au passé ! On dirait les apôtres qui – après la mort et la Crucifixion – s’isolent et disent : tout est fini, le rideau est tombé (et s’est déchiré), circulez y’a plus rien à voir, mais qu’est-ce qu’on va faire, etc. Mais nan. Va falloir s’accrocher les gars. On n’a pas fait tout ça pour oublier. Jésus c’est pas un mug au rayon souvenir. Stop aux regrets et aux désillusions. La tentation de baisser la garde est trop facile. Oui, notre élan missionnaire n’est pas comme notre bronzage : éphémère (dommage). Oui, ma joie ne sera pas passagère parce qu’elle est inscrite dans le Royaume des Cieux.
Oui, Dieu n’éprouve ni le temps ni les entraves. Le fond ne change pas. Simplement la forme de mon quotidien. Notre foi est vivante. C’est-à-dire qu’elle respire. Elle est au présent. Pas au passé antérieur ou au conditionnel de l’imparfait. Si j’ai rencontré en mission un Dieu « amour », il est peut-être temps de rencontrer un Dieu « présent ». On a passé une semaine à dire à qui voulait bien l’entendre que « Dieu est amour ». Mais on n’a pas conjugué un verbe au présent de l’indicatif. Dieu « est » au présent de toute éternité. Présent dans cette baisse de régime que je vis en ce moment. Ce léger flottement qui gratte et qui dérange. Présent dans ma vie, bien avant que je sois une petite crevette dans le ventre de maman. Présent à chaque instant de ma vie. A chacune de mes respirations, de mes larmes, de mes sourires, de mes doutes, de mes rêves, de mes luttes et de mes joies. Il est peut-être temps d’accepter un Dieu présent. Oui les copains, « Dieu est ».

Soit : ma semaine trop stylée dans la foi n’est pas de l’ordre du passé. Parce que Dieu est présent. Je n’ai plus peur de me noyer dans une paresse ou une nostalgie quelconque, parce que mon Dieu n’est ni passé, ni futur. Il est. Si j’accepte Dieu au présent, alors je n’ai plus peur. Il est à mes côtés. Maintenant. Pas dans deux heures. Maintenant. Si je le cherche à chaque instant de ma vie, alors mon désir le plus grand montera vers Lui. Dieu veut mon bonheur au présent. Il sculpte ma liberté. A moi de me laisser façonner. Ne baissez pas les bras. Relevez les manches de votre foi. Sollicitez votre intelligence et votre volonté. La grâce suivra. « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime » prophétise Isaïe. Encore au présent ! C’est pas « Merci petit ouvrier d’Anuncio, la moisson est terminée, reviens vite et à l’année prochaine hein. »

Alors adoptez un rythme de prière fidèle et cohérent avec votre ambition spirituelle. Vous connaissez tous les outils pour progresser : le père spi, les retraites, l’oraison, le chapelet, etc. « Ah oui… la prière… ce truc dont j’entends parler depuis dix ans… faudrait peut-être que je m’y mette. J’aimerais bien avoir une foi qui me porte. Une foi stylée, vécue et vraie. Peut-être quelque chose de nouveau dans la continuité de la semaine de folie du mois d’août ».
Oui justement, Anuncio relance cette année les Maisonnées et tu devrais vraiment y jeter un coup d’œil. Le projet est dingue et plein d’ambition ! Je ne t’en dis pas plus, tout est sur Facebook. Sinon demande à un responsable de lieux de mission ou autre membre du board Anuncio.
Et enfin, si vous – missionnaires du Seigneur – vous laissez tomber, que dire des personnes que l’on a rencontrées ? elles aussi vont abandonner et reléguer au passé votre rencontre et vos échanges. Mega seum hein. Dieu est présent. Continuez à laisser le vivre à travers vous. Certes de manières plus discrète et moins audible. Le temps du silence dans le désert est venu. Les anges vous accompagnent et vous guident.

Je vous laisse avec Saint Ex et le Psaume 118 (oui tout le psaume, il est tout à fait à propos). Voici pour Saint Exupéry dans Citadelle : « Ainsi de toi, mon petit d’homme. Dieu te fait naître, te fait grandir, te remplit successivement de désirs, de regrets, de joies et de souffrances, de colères et de pardons, puis il te rentre en Lui. Cependant, tu n’es ni cet écolier, ni cet époux, ni cet enfant, ni ce vieillard. Tu es celui qui s’accomplit. Et si tu sais te découvrir branche balancée, bien accrochée à l’olivier, tu goûteras dans tes mouvements l’éternité. »

Bonne route. Que Dieu vous garde et que la Vierge vous protège.

Un missionnaire